Petit séjour printanier en Dévoluy

En ce début du mois de mai, un séjour de quelques jours en Dévoluy est prévu de longue date avec des amis pour de petites randos en moyenne montagne. Je me dis qu'il ne serait pas idiot de contacter quelques amis spéléos alpins pour profiter de l'occasion pour mettre un peu le nez dans les Chourums du coin...

Ce jeudi 6 mai, je mets donc le réveil de bonne heure pour un rendez-vous à Maubourg avec Bernard, Jacques et marc pour une petite sortie interclub au Chourum Daniel (Escandaou, Chourum et Citrons ficelés).

Marc souhaite y mener son fils quelques jours plus tard, nous utilisons ses propres cordes qu'il compte laisser sur place pour une prochaine sortie.

Le Chourum Daniel est une cavité bien sympathique avec de petits puits et ressauts entrecoupés de méandres. Il a plu les jours précédents, la descente est agrémentée d'un petit ruisselet. Après une pause "soupe chaude" préparée amoureusement par Bernard, nous poursuivons tranquilou jusqu'en haut du dernier puits vers -180. Nous n'avons plus de cordes, nous n'irons pas plus loin aujourd'hui.

Après quelques jours de balades dans le massif avec mes potes, rendez-vous est pris lundi 10 mai avec Bernard pour une nouvelle petite virée souterraine.

Mais aujourd'hui, ce n'est plus la même limonade, l'ami Téo nous prédit la mer et les poissons. Curieusement, la plupart des locaux contactés bottent en touche et mettent au programme une journée "couette et poêle à granulés".

Bernard est plein d'optimisme, il me propose une virée à la Combe des Buissons qu'il me présente comme une cavité fossile où nous serons à l'abri de la chabanée. De plus, la cavité est déjà équipée et on lui a parlé du puits "du Piano Volant" (tout un programme...) où il compte bien aller jeter un œil. Et moi naïf je le suis.

Il a plu abondamment toute la nuit, et ça tombe dru quand nous montons vers l'entrée du Chourum où nous arrivons trempés comme des estrasses. A l'intérieur, pas de répit: ça pisse par toutes les fissures et même si le débit global n'est pas énorme (nous ne sommes pas trop loin de la surface), impossible de trouver quelques centimètres carrés au sec.

Je renâcle devant un puits où un gros filet d'eau arrive du plafond juste dans l'axe de la corde. Bernard bricole une déviation ad-hoc pour me faire plaisir. Mais le temps qu'il modifie l'équipement, je vois bien que le débit augmente... Nous continuons encore un peu dans une cavité bien agréable mais dans une ambiance de plus en plus humide.

Enfin, je fais un refus d'obstacle catégorique vers -100 devant un puits au départ pas bien large où s'engouffre la cascade. Je n'ai plus un poil de sec et je claque des dents. Bernard n'insiste pas. Nous remontons vers la surface où la pluie et le vent redoublent.

Nous ne nous attardons pas en surface, nous filons sans attendre vers la vallée. Bernard est serein, il me raconte de jolies histoires mais je claque trop des dents pour lui répondre. Dans ma tête, je n'ai plus qu'une seule image: le poêle à granulé de Marc qui doit ronronner dans son chalet.

Nous échouons lamentablement chez Marc à Maubourg. Il a le tact de ne pas trop se moquer de nous. Douche chaude, tisane brulante, LE poêle à granulé et des habits bien secs sortis de sa penderie. Croyez moi, celui qui a inventé les habits secs mériterait une statue quelque part...

Bernard aura pour conclure cette phrase magnifique: "je te remercie d'avoir été si prudent: si tu avais descendu le puits, je t'aurais suivi et ça aurait peut être mal fini..." Sagesse des ancêtres!

Le lendemain matin je reprends la route vers la Provence sous une pluie battante. Les torrents dévalent de tous les versants de la montagne et le Buëch fait le gros dos.