Pèlerinage aux Ajoncs
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Ce dimanche matin à 8h30 nous n’étions pas les seuls à avoir choisi le col de l’Ange comme lieu de rendez-vous… Une horde impressionnante d’hommes en bleu (parce qu’il n’y avait que des hommes…) avec des véhicules rouges équipés de pin-pon était rassemblée, là. Un exercice sans doute, mais l’envie de se mêler à la foule en ces temps de COVID nous a fait rester de l’autre côté de la route.
Au rendez-vous, Charles (l’organisateur, mais chut ne le dites à personne…), Jacquie, Marie, Sidonie, Carole, Valérie et moi.
Après avoir papoté un peu, les 2 équipes se sont mis en branle, heureusement pas dans la même direction. Les pompiers montent sur le flanc Sud de la Sainte-Baume, et nous on file vers Le Beausset. Au programme, un trou de légende : l’aven des Ajoncs !
Pourquoi un trou de légende ? J’en entends parler depuis que je suis jeune spéléologue… Un lieu mythique au point de n’avoir jamais osé y mettre les pieds. En effet, C’est là qu’en 1974 s’est produit un événement dont on subit encore aujourd’hui les conséquences. Cependant comme ce n’est pas le sujet, le lecteur intéressé est invité à faire ses propres recherches, peut-être en commençant par suivre les indications de la bibliographie.
Fermeture de parenthèse légendaire, nous empruntons la route « privée » qui part de la DN8 peu après le circuit Paul Ricard pour aller à l’ancienne carrière de basalte dite de la Gueirarde. La marche débute sur du goudron jusqu’à la barrière de la carrière que l’on contourne sans difficulté. La vue sur le bassin du Beausset et la baie de La Ciotat est saisissante.
Ici on extrayait du basalte pour faire du ballast pour les voies de chemin de fer. Étonnant de voir du basalte dans ce coin. Le lecteur intéressé de comprendre pourquoi devra encore se référer à la bibliographie.
Pour arriver à l’aven il faut environ 45’ de marche facile. La plupart du temps ça descend. La fin du parcours est jalonnée de cairns dans le bartas mais quand même n'est pas pas évidente à suivre. L’entrée est magnifique, vaste dans un calcaire gréseux du Turonien (crétacé supérieur).
La vire installée nous emmène au sommet du P50, fractionné en deux tirées. Un éboulis avec un menhir en suspension coincé on ne sait comment défie les lois les plus élémentaires de la physique… Il va tomber c’est sûr, malheur aux spéléologues qui seront dans le trou à ce moment-là… Bon, mais pas aujourd’hui. Dans 10 000 ans, comme ça au rythme où va la planète on est sûr qu’il n’y aura plus de spéléologue.
Charles équipe, on papote sur la vire, menhir, rhinolophe
Les Ajoncs sont réputés aussi pour concentrer pas mal de CO2. En bas du P50 on respire bien. Deux étroitures nous séparent de la suite, elles ne sont pas difficiles mais c’est un sens où la gravité est contre nous. Au retour, ce ne sera pas la même histoire…
Derrière les étroitures, la galerie est vaste et l’équipement sommaire. On commence à respirer un peu moins bien mais c’est tenable.
Le fond de la cavité est très concrétionné avec un sol d’argile bien plat. Un méandre le traverse. Vers l’amont il a une forme typique, on s’y avance d'une trentaine de mètres, ça passe mais l’atmosphère est pesante. On respire nettement moins bien pendant l’effort. Vers l’aval, il est plus large au début mais nous n’irons pas plus loin. La topo montre un puits de 15 mètres, paraît-il boueux que nous ne verrons pas.
Galerie, méandre, tête en l'air, concrétions, fond, insertion
Quelques photos avec et sans pose et après une pause, il est temps de repartir. Marie se porte volontaire pour déséquiper. Les étroitures arrivent. Bizarrement, elles passent bien mieux dans ce sens que dans l’autre, surtout l’une ce qui fait dire à l’une des protagonistes une expression consacrée fameuse !
Le puits terminal est l’occasion de faire quelques photos supplémentaires au faranico. Les cannelures le long de la paroi sont magnifiques.
De retour à la surface, petit pique-nique, et on attaque le chemin du retour qui forcément, monte pour une bonne partie…
En s’approchant de la carrière, sur le côté gauche de la piste, on remarque une belle entrée protégée par une palette. L’aven du Joug de l’Aigle. Pourtant très visible, personne ne l’avait remarqué à l’aller, on devait être sacrément bavards ! En se penchant au-dessus du puits, Jacquie ne bombe pas le torse... La position peut-être, fait germer dans un esprit insoupçonnable l’idée d’un shoot, qui heureusement n'est resté qu'une idée. Nous apprenons alors une maxime qui n’est pas du Sud : « Tout cul tendu mérite son dû ! ». Décidément aujourd’hui cette partie de notre anatomie est très présente…
Renseignements pris, cette cavité est sans doute intéressante à visiter car, d’après la topo, elle se termine sur un socle de basalte ce qui est assez singulier. A programmer pour une prochaine sortie.
Il est 16h, on arrive au portail de la carrière. Valérie, férue d'ornithologie et de botanique, n’est pas venue avec nous car elle est allée herboriser. Elle nous attend avec son véhicule (propre) pour descendre nos sacs (sales) jusqu’à la voiture garée un peu plus bas. Et là, clou de la journée, nous attendent des crêpes avec la gelée de coings de Mamie Gisèle et des navettes à fleur d’oranger.
Retour au col de l’Ange batteries chargées pour la semaine.
Le puits, les crêpes et les navettes
Bibliographie :
- Jean-Claude Dusse et l’art de la conclusion,
- Etude des basaltes des rochers de l'Aigle