Le "regiseur" de Siou Blanc

Ce jeudi de décembre, c'est spéléo du matin. Et une fois de plus, le Papé a réussi à nous entraîner dans le bartas de Siou Blanc. L'objectif du jour est l'aven Christian, un joli petit trou 100% introuvable perdu dans le lapiaz boisé dans le secteur du Dragon. Nous l'avions déjà visité en juin dernier (voir le compte rendu « Spéléo du matin à l'aven Christian », dans votre blog favori), mais nous avions trouvé l'équipement en place indigne du standing de la cavité. Ne vous fiez pas à la topo en forme de vieille chaussette: l'aven Christian est très joli et pourrait devenir un sympathique trou d'initiation. Bref, nous nous étions promis d'y retourner pour remettre un peu d'ordre das tout ça.

Le Papé, secondé par Iphigénie, la Pétugue et les 2 grognons de service (inutile de les présenter) navigue à vue dans le lapiaz, lorsque une silhouette humaine s'anime dans le bartas touffu. Au milieu de nulle part, l'improbable rencontre a lieu... L'homme qui nous rejoint bientôt, la double quarantaine élégante, se présente : il s'agit d'un vieux fouineur qui revisite inlassablement le plateau de Siou Blanc à la recherche de ses souvenirs de jeunesse. Il s'est donné une mission sacrée : celle de « regiser » (sic) toutes les cavités de son vaste domaine. En confiance, il nous dévoile son inestimable trésor : de vieilles cartes IGN de l'an pèbre constellées de centaines de petits points de couleur, chacun d'entre-eux représentant une cavité répertoriée qu'il doit retrouver, débroussailler et repointer pour la mise à jour du site Varcave. René (c'est son prénom) occupe donc son temps libre à « regiser » tout ce qui peut l'être. Et il y a manifestement du boulot, tant il existe de petits trous oubliés sur ce plateau.

Il nous accompagne jusqu'à l'entrée de l'aven Christian (qu'il a déjà regisé tient-il à préciser), nous conte quelques anecdotes d'antan, puis disparait dans le sous bois pour mener sa mission de regiseur.

Notre mission à nous est bien plus modeste : ré-équiper le gouffre en bonnet difforme. 3 spits judicieusement placés (enfin, nos successeurs jugeront...) et nous pouvons en toute quiétude toucher le fond du gouffre où nous retrouvons avec émotion 2 petits santons bien sages.

Après le casse-croûte, nous voilà repartis dans le lapiaz. Notre nouvelle mission : cairner l'accès de l'aven Christian pour pouvoir lui rendre de petites visites de temps à autre. Nous érigeons nos petits tas de pierre dans le dédale rocheux, et nous sommes satisfaits de voir que notre cheminement rejoint pile-poil le carrefour qui dessert également l'aven JP. Claustre. Travail de pro...

Sur le sentier du Dragon, nous retrouvons notre infatigable regiseur, toujours investi de sa mission. Il est fier de nous montrer 2 petits trous récemment regisés par ses soins en bordure du tracé : l'aven du Nouvel An (un modeste p38 à l'orifice bien rastègue) et un peu plus loin l'aven de la Tarentaise, parait-il plutôt esthétique et concrétionné. Des années que nous passons devant sans leur accorder un regard...

Nous prenons le temps de jeter un œil à l'aven du Nouvel An : passée la modeste entrée, ça s'évase progressivement en un puits de dimensions plus confortables. Quelques coulées de calcite ça et là, quelques cannelures : on note quelques efforts mais l'ensemble reste brouillon. De plus, des cailloux un peu vicieux se planquent ça et là dans les fissures de la partie supérieure et il est bien difficile d'éviter d'en décrocher quelques uns au passage. Avis défavorable pour prétendre au statut envié de gouffre d'initiation...

Quant à la Tarentaise, ça ne semble pas bien grand, mais comme on nous dit que c'est mignon il faudra quand même aller jeter un œil un de ces quatre.

Nos petits trous de Siou Blanc sont donc progressivement dûment répertoriés, regisés, santonisés, civilisés. Ils sont fin prêts pour accueillir la clientèle, et certains d'entre-eux nous ont confié avec un brin d'amertume qu'ils commençaient à trouver un peu le temps long à poireauter tout seuls au milieu du lapiaz.