Les crapahuteurs du soir
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La routine, ça n'est jamais bon. Et justement, en ce début de semaine, ça tergiversait et ça cogitait dur pour trouver un objectif de spéléo du soir qui sorte un peu de l'ordinaire. C'est finalement Mémé-Fusée qui a eu le déclic en nous proposant un parcours aux petits oignons dans le vallon de Saint Pons à Gémenos:
Les réjouissances proposées par Jacquie: spéléo au gouffre Thérèse, canyon sec au "Pin de Simon", re-spéléo à la Tourne de Saint Pons, et pour finir retour à l'arrache.
Première étape donc, le gouffre Thérèse, petit frère du gouffre des Aubagnais. Avec Odile et Jacquie, nous nous accordons un départ anticipé avec le prétexte d'équiper le gouffre avant l'arrivée du gros de la troupe (non non, je ne vise personne, c'est juste une expression).
Le gouffre Thérèse (ou Baume de Thérèse), ce n'est pas un grand trou, juste 3 petits puits plutôt sympas qui se tanquent dans la gadoue vers -35. Mais c'est broché, plutôt joli et bien concrétionné, on comprend pourquoi le gouffre a été choisi comme site d'initiation pour les jeunes spéléos.
Les petits puits du gouffre Thérèse.
L'affaire est rondement menée, il est temps d'aller à la rencontre de la 2ème équipe qui monte nous rejoindre. Il y a là Daniel, Sylvain, Eric et Tony. Malgré ses 45 ans de spéléo active, Tony est pourtant débutant en spéléodusoirologie... Son émotion et son inquiétude sont palpables, mais Eric trouve les mots pour le mettre en confiance.
La jonction avec la 2ème équipe. La Gentille Organisatrice expose la situation aux nouveaux arrivants.
Le déséquipement du gouffre est une formalité, Sylvain y trouve une nouvelle occasion de se vautrer dans la gadoue.
Séance de déséquipement au gouffre Thérèse.
Il est temps maintenant de se diriger vers le 2ème objectif de notre soirée: le bien mal nommé canyon sec du Pin de Simon (il n'a en effet rien à voir ni avec le pin, ni avec Simon). Quoi qu'il en soit, il s'agit d'une superbe cascade de 40m qui surplombe la vallée du Fauge. Avec la nuit désormais bien noire, le ululement des hulottes et l'appel sourd du grand duc, il y a ambiance !
La belle cascade du canyon du Pin de Simon.
Les estomacs crient famine, la halte pique-nique est la bienvenue à l'entrée de la Tourne de Saint Pons. Les capsules de bière sautent, les blagues fusent (la hulotte est morte de rire en entendant Tony raconter l'histoire de la petite souris dans le bordel de la jungle (*)), les molaires mastiquent. Mais ça ne dure pas trop longtemps: il fait encore un peu frisquet, l'heure tourne, et nous avons un 3ème engagement à tenir: la visite de la Tourne, jusqu'au siphon 1 ...
Escapade dans la Tourne de Saint Pons.
Il reste le retour au bercail..
Il y a l'option "aventure", poussée par les téméraires, qui consiste à remonter le canyon et prendre le premier échappatoire en rive droite: foi de vétéran, il y existe là haut une sente dans les broussailles qui ramène directement sur le sentier des glacières.
Et puis il y a la voie de la sagesse, prônée par Jacquie, d'ailleurs plébiscitée par la majorité du groupe, qui consiste à redescendre le vallon pour rejoindre le sentier raide qui remonte vers la route pas trop loin des voitures.
Contre toute attente, sous l'impulsion d'un Eric déchaîné, c'est la première option qui est prise. On attaque donc l'escalade de la première cascade, pour constater sans trop de surprise que ladite sente dans la broussaille est depuis belle lurette mangée par un bartas touffu et franchement hostile. Ça rouspète un peu dans les rangs, mais finalement la situation est acceptée avec bonne humeur. Eric est aux anges, il attaque avec frénésie la suite du canyon et trouve un échappatoire dans les rochers délités et les romarins. Tony roumégue et peste contre le calcaire coniacien décidément peu coopératif qui se délite sous ses pas légers.
Et finalement, tout le monde finit par prendre pied sur le sentier. Autour de nous, le vallon est fermé par les barres Saint Martin, le baou de Bertagne et les hautes falaises du Défens. La lumière pâlotte de la lune, masquée par un voile de brume, peine à éclairer la scène. Il pourrait régner ici une atmosphère de douce plénitude, mais tout le cirque résonne d'un tumulte inattendu en ce lieu de sérénité: Eric exulte, Tony le maudit jusqu'à la 12ème génération, la hulotte s'époumone, et une bande de tocards s'adonne à un rodéo furieux sur la route (toute proche) du col de l'Espigoulier.
(*) blague absolument non transcriptible dans ce blog destiné à un large public...