Aven du Cerf, le retour...

  • Charles C. - SCPA-Escandaou
  • Spéléologie

Ce vendredi 3 juin, je n'en mène pas large... Je me suis engagé de longue date à accompagner des chercheurs provençaux (Inrap/Cerege) à l'aven du Cerf, près de St Maximin, mais en cette veille de week-end prolongé il n'y a plus un Aubagnens de disponible pour venir donner un coup de main à l'opération. Je vais donc me retrouver seul avec 2 débutants chargés comme des mules dans cette cavité modeste mais néanmoins sélective. Angoisse profonde...

Pour rappel, nous avions déjà consacré une journée de prélèvements dans ce petit gouffre d'où un crâne de cervidé avait été remonté par les spéléos varois dans les années 80 (voir le compte rendu ICI sur ce même blog, daté de novembre de l'année dernière).

Aven du Cerf, le retour...

L'aven du Cerf (ou du Cassaïre) est vraiment un gouffre très curieux: pas de parois bien définies, on a l'impression de se faufiler entre d'immenses blocs posés les uns sur les autres. On y trouve des espaces plutôt larges et confortables, voire jolis, mais le cheminement à l'intérieur du chaos est généralement bien compliqué et rébarbatif, surtout pour une troupe de néophytes surchargés conduits par sexagénaire sur le retour...

Et puis, parfois, de petits miracles se produisent sans crier gare: en soirée, je découvre avec un immense soulagement un mail d'Evelyne proposant ses services pour mener la petite troupe. Parfois la vie est belle!

Et donc, comme prévu, nous nous retrouvons à pied d’œuvre pour une journée de prélèvements dans la petite salle de -40 (celle-là même où gisait le cerf). Olivier a répondu présent, mais Hélène n'a pas pu se libérer.  Nous emmenons également Christelle, géochimiste de son état, qui rêve d'analyser les concrétions de la cavité pour préciser l'environnement climatique de l'ancien lac de St Maximin (voir article précédent).

Avec Evelyne à la manœuvre, ça ne traine pas. En 2 temps 3 mouvements, Olivier et Christelle sont harnachés, le matériel emballés, les consignes données, et c'est parti.

Olivier a l'œil du professionnel: parmi les cailloutis du sentier, il repère cette jolie pointe de flèche qui sera sans tarder étudiée par un spécialiste.

Olivier a l'œil du professionnel: parmi les cailloutis du sentier, il repère cette jolie pointe de flèche qui sera sans tarder étudiée par un spécialiste.

Sous terre, bien évidemment, ça rappe un peu. Il y a pas mal de matériel à descendre (disqueuse, batteries, mallette d'analyses, burins, massettes, pique-nique...) , les passages sont très honnêtement du genre chiant, mais les 2 chercheurs sont motivés.

Progression dans l'aven du Cerf...
Progression dans l'aven du Cerf...

Progression dans l'aven du Cerf...

L'aven du Cerf (je me répète) est surprenant. On y trouve des concrétions dociles, qui se développent classiquement de haut en bas (ou de bas en haut selon qu'elles sont "tites" ou "mites"), et on sent bien qu'elles font leur maximum pour respecter les lois de la gravité. Mais il y a aussi des rebelles qui témoignent d'une mystérieuse phase de chamboulement au cours de laquelle les blocs ont été chahutés dans tous les sens, parfois cul par dessus tête. Avec pas mal de questions qui se bousculent dans ma tête: "de quelle époque date ce chambardement ?", "a t-il un lien avec l'aventure de notre cervidé naufragé ?, et surtout: "dans cet espace contraint, à l'intérieur même de la colline, comment faut-il s'y prendre pour faire rouler des blocs les uns sur les autres"...

Aven du Cerf, le retour...
Aven du Cerf, le retour...

Mon esprit cartésien ne voit qu'une seule explication à ce phénomène: la colline du Défend fut à une certaine époque une gigantesque "boule à neige" secouée un peu trop vigoureusement par un enfant gargantuesque un peu trop excité. Pas sur que mon hypothèse soit retenue par les scientifiques sérieux...

La "boule à neige": une théorie alternantive à la formation de l'aven du cerf...

La "boule à neige": une théorie alternantive à la formation de l'aven du cerf...

Parvenus à la salle concrétionnée à -40, après un bon casse-croûte, Evelyne et moi laissons les gamins s'éclater avec leurs joujoux dans leur bac à sable, et profitons du répit pour tenter d'aller voir le fond de la cavité qui semble se prolonger par une diaclase. Pas forcément très récréatif mais il faut quand même aller voir.

Quelques passages bas dans les blocs nous conduisent effectivement à une diaclase plutôt du genre conciliante, ornée de quelques vestiges de planchers stalagmitiques effondrés. Visite courte mais plutôt agréable, il nous manquera quelques mètres de corde pour toucher le fond. Il faudra revenir (et ça tombe bien, c'est prévu).

Dans la diaclase terminale...
Dans la diaclase terminale...
Dans la diaclase terminale...

Dans la diaclase terminale...

Nous retrouvons Christelle et Olivier fort affairés dans la salle de -40. Christelle court après les gouttes d'eau qui perlent au bout des fistuleuses, Olivier cherche des ossements. Ils ont promis de nous attendre pour le clou du spectacle: avec l'autorisation du propriétaire, ils vont prélever (à la disqueuse) une stalagmite qui sera remontée à la surface et étudiée en laboratoire. La succession de ses lamines carbonatées fournira (ils l'espèrent!) de bonnes précisions sur les variations climatiques de la région au cours du temps, avec comme objectif de corréler tout ça avec l'évolution du paléo-lac de St Maximin. Tout un programme!

Ambiance studieuse dans la salle à -40
Ambiance studieuse dans la salle à -40
Ambiance studieuse dans la salle à -40

Ambiance studieuse dans la salle à -40

Récupération de la stalagmite.
Récupération de la stalagmite.

Récupération de la stalagmite.

Bien évidemment, après étude en laboratoire, la stalagmite sera redescendue sous terre avec précautions et replacée sur son socle. Ni vu,ni connu !

En attendant, elle est emmaillotée comme une momie égyptienne pour être remontée en surface.

Emmaillotement de la pièce à conviction.

Emmaillotement de la pièce à conviction.

Il reste à remballer tout ça et rejoindre cahin-caha la surface. Pas une mince affaire, mais malgré quelques coincements et grincements de dents, tout le monde se retrouve en surface sous la canicule avec le précieux trophée. L'affaire n'est pas terminée, après étude en labo la lourde pièce retournera sous terre dans quelques mois. Mais d'ici-là on aura peut-être le temps de recruter de vaillants porteurs.

Pour la petite histoire, la journée (bien remplie) s'est terminée sur une terrasse de Saint Maximin. La majorité des convives a opté pour la bière locale, ça va de soi.

Aven du Cerf, le retour...
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G
Bonsoir..... Magnifique !!!! Je suis débutant..... si vous y retournez puis je venir ? Gallo Gérard
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C
Oui, bien sur, il suffit d'être autonome et à l'aise dans les étroitures pour ne pas gêner les opérations. On devrait y retourner vers l'automne prochain. Cela dit, il y a dans la région des cavités bien plus sympas!
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