Fontille 2
-
La grotte de Fontille est située dans la partie corrézienne du causse de Martel, une dizaine de kilomètres au sud de Brive. C'est un joli drain fossile qui se développe à faible profondeur sous la surface du causse, l'entrée naturelle (en bordure de la vallée d'Entrecors) étant aujourd'hui effondrée.
La grotte a été découverte au 19ème siècle lors du creusement d'un tunnel ferroviaire pour la ligne Toulouse-Paris. Cet accès très dissuasif (et aujourd'hui fermé) est aujourd'hui avantageusement remplacé par un accès busé et un petit ramping. J'ai d'ailleurs déjà eu l'occasion de vous en parler dans un précédent article sur ce blog.
La dénomination des divers tronçons du réseau a curieusement utilisé la chronologie des découvertes à partir du débouché du tunnel (et non la logique hydrographique d'amont en aval):
- Fontille 1 désigne ainsi la partie explorée à l'origine par les ouvriers. Elle bute à l'aval sur une étroiture noyée et à l'amont sur une coulée de calcite qui obstrue la galerie.
- Fontille 2 désigne la partie aval, depuis l'étroiture noyée jusqu'à la partie effondrée. Elle est l'objet de ce petit article.
- Fontille 3 désigne la partie située en amont de la coulée de calcite qui avait arrêté les premiers explorateurs. C'est dans ce tronçon que débouche le petit méandre accessible par l'entrée busée.
Lors de notre dernière visite au mois d'août dernier, l'accès à la partie la plus aval (Fontille 2) n'était pas accessible: l'étroiture qui en défend l'accès était noyée. Mais cet automne, la sécheresse est sévère sur le causse et notre ami Antoine (DE local) nous certifie que le niveau est suffisamment bas pour y accéder sans souci. Il se propose de venir avec nous pour tenir un Pharanico. Nous sommes donc 3 (Isa, Antoine et moi) pour une courte visite à Fontille 2.
Pour accéder à Fontille 2, il faut donc descendre le petits puits artificiel, puis s'échauffer dans un court ramping pour déboucher au plafond de la galerie. Nous voilà dans Fontille 3.
En s'engageant vers l'aval, on rencontre bientôt la grosse coulée de calcite qui marque la limite avec Fontille 1 (petite escalade puis ressaut désormais bien équipé). La galerie est superbe, vaste et ornée de magnifiques gours, mais je ne mets pas de photos, on se référera aux articles précédents. On passe au dessus de la voûte du tunnel, et bientôt la galerie est obstruée par de jolies coulées de calcite. En rive droite, un goulet entrecoupé de vasques mène au Graal. Le passage n'est pas bien long ni très étroit (2 Linets pour ceux qui maîtrisent l'échelle internationale), mais on se dit que selon le niveau de l'eau ça peut être vraiment dissuasif.
Au delà de ce passage clé, les paysages deviennent immédiatement bien jolis. En rive gauche, quelques stalactites alignées ressemblent à des moulins à prière.
Les moulins à prière.
La galerie devient tout de suite spacieuse, bien ornée, et entrecoupée de jolis gours. Tout cela valait bien un bain de siège...
Cheminement dans la galerie de Fontille 2.
On arrive ainsi dans la partie terminale de la grotte, à proximité du versant de la vallée. Lorsque le porche n'était pas encore effondré, des visiteurs ont certainement foulé le sol de la galerie. L'un d'entre eux, velu et probablement grognon a laissé l'empreinte de ses griffes puissantes sur les parois. Perchées à 2m au dessus du sol, elles en disent haut sur la taille du visiteur, Ursus spelaeus...
Les griffures d'ours.
Nous sommes ici proche du terminus. Encore quelques dizaines de mètres, l’atmosphère s'assèche et quelques indices indiscutables prouvent la proximité de la surface: un petit escargot bien vivant et d'abondantes racines qui pendent du plafond. Un cône de déblais argileux envahit l'extrémité de la galerie: la surface est peut-être juste derrière cette barrière providentielle qui a préservé jusqu'ici ce petit bijou souterrain.
Le dérèglement climatique et ses sécheresses récurrentes, en en permettant l'accès à la foule tapageuse, en viendra t-il à bout ?
Les racines à l'extrémité de Fontille 2.