Espérance

Le gouffre de l'Espérance s'ouvre par deux orifices bien modestes situés sur la crête séparant le vallon de la Coutronne de celui des Encanaux à Auriol. L'entrée historique, modeste de chez modeste (en gros c'est du rastègue ++) n'est certainement plus guère visitée, il faut pour ça avoir le profil lombric. Mais la nouvelle entrée, dite classique, est plus abordable et reçoit des visites plus régulières.

Le 8 novembre dernier, c'est jour de spéléo du soir et les propositions d'objectifs affluent de toute part. Les Auriolais raflent finalement la mise et proposent une visite à l'Espérance. Ça convient à tout le monde, et ce soir là nous serons 12 spéléodusoirologues à arpenter la crête des Infernets au soleil couchant. Rien que pour ça, ça vaut le coup.

Comme souvent lors des visites rapides, nous optons pour le réseau principal qui mène en quelques puits au point bas de la cavité (-105). Ou presque: le dernier ressaut, dans le genre cloaque, ne fait pas recette ce soir et même Sylvain refusera d'aller s'y vautrer dans la boue.

La visite est vite pliée, c'est 4 puits qui se suivent. Évidemment, à 12 ça prend un peu plus de temps. Il y aura ceux resteront pour le traditionnel pique-nique de clôture (pris à l'abri de la fraîcheur nocturne au pied du puits d'entrée), et ceux qui décident de s'éclipser de peur que leur carrosse ne se transforme en citrouille.

A l'Espérance, il n'y a pas que le réseau du fond: il y a aussi un réseau latéral qui s'embranche à -50 sous forme d'un méandre, et qui descend jusqu'à -80. On le boude consciencieusement à chaque visite, et je me disais que ça serait bien d'aller y fouiner un peu. De mon côté, il devait y avoir quelques décennies que je n'y avais pas traîné mes bottes.
Ce samedi, je décide Isa et Jacquie à m'y accompagner. Sans surprise, le méandre, bien que confortable, est bien argileux.

Ce méandre est coupé par un P10 (noté P5 sur la topo) qui rejoint la base d'un superbe système de puits remontants: c'est du grand, du propre, décoré de belles coulées de calcite qui descendent des plafonds. Au pied des puits, c'est du gravier délavé où traînent quelques brindilles et radicelles.

Ce système de puits remontants est manifestement un "autre gouffre". Pas de traces d'escalade, et sur la topo c'est représenté par des énigmatiques pointillés. Tout cela est inspirant. Nous notons ça dans un coin de notre tête, il y a vraiment quelque chose à faire.

Plus bas, le méandre reprend jusqu'à une étroiture sensée précéder un P15. Elle n'a pas l'air si terrible au premier regard, mais elle sera notre terminus pour aujourd'hui: ça frotte dur et nous renâclons à enlever le baudrier sachant que le P15 nous guette juste après... Après quelques tentatives à tour de rôle, nous décidons d'en rester là pour aujourd'hui. Il faudra revenir avec du matos approprié, genre un Papé ou un Marco en état de marche.

Ça sera donc tout pour aujourd'hui. Nous ressortons bien crottés mais pas mécontents: ce réseau latéral a du potentiel et nous décidons d'y retourner prochainement pour en faire plus ample connaissance (et plus si affinités).