Opération traçage dans le Dévoluy – Samedi 1er juin 2024

  • Maxime (et un peu Alexandra) - SCPA-Escandaou
  • Spéléologie

Il était temps, je ne suis pas passé loin de la correctionnelle… Voici déjà plus d’un mois et demi que nous avons effectué le traçage dans la grotte des beaux yeux et je prends seulement le temps de rédiger le CR. La patronne (Alexandra) commençait à s’impatienter !

1er juin, nous nous retrouvons vers 8h du matin au col du Festre.

L’objectif est double donc deux équipes se constituent : une équipe (celle de la patronne avec Mariana et Nathan) doit effectuer un traçage à la fluorescéine dans le chourum de la Tune des Renards, l’autre un traçage à l’acide amino G dans le chourum des Beaux Yeux. Je fais parti de cette seconde équipe, avec Zap, Camille, Vasile, Vladimir (05), Marc (05) et Christophe (05).

Cela commence bien, Zap a oublié de prendre un baudard pour Mariana (comme quoi personne n’est parfait). Cela nous vaut donc un petit retard au départ, petit ronchonnement, nous aurions pu dormir un peu plus !

A 9h les deux équipes partent vers leur objectif respectif.

Du côté du groupe du chourum des Beaux Yeux :

Après nous être réparti la vingtaine de kg d’acide dans les différents kits, nous prenons enfin le départ vers le chourum des Beaux Yeux. Marche d’approche à un rythme plutôt tranquille, nous voici enfin proche de l’entrée, dans le brouillard… Alors qu’à quelques kilomètres à peine c’est grand ciel bleu. La descente se fait tranquillement : il fait assez froid (quatre degrés), humide et c’est assez étroit jusqu’à -200m. Ensuite cela s’élargit un peu et nous descendons quelques beaux puits…. Dont certains très humide. Il est par moment impossible d’éviter quelques écoulements et de ne se pas se tremper les miches.

Vers -300 (ou -400, je ne sais même plus), nous atteignons enfin la rivière : l’objectif à atteindre où nous devons effectuer l’injection !

Beaux Yeux : Marche d'approche vers le brouillard
Beaux Yeux : Marche d'approche vers le brouillard
Beaux Yeux : Marche d'approche vers le brouillard

Beaux Yeux : Marche d'approche vers le brouillard

Beaux Yeux : Progression
Beaux Yeux : Progression
Beaux Yeux : Progression
Beaux Yeux : Progression
Beaux Yeux : Progression

Beaux Yeux : Progression

Pendant que les autres se préparent à s’injecter l’acide dans les veines, je poursuis la progression avec Vladimir jusqu’au camp car il souhaite y récupérer des affaires perso, laissées lors des précédentes explos. La progression dans la rivière est vraiment très sympa, et l’aller-retour nous prend une demi-heure.

Beaux Yeux : Arrivée dans la rivière et camp
Beaux Yeux : Arrivée dans la rivière et camp

Beaux Yeux : Arrivée dans la rivière et camp

Lorsque nous revenons au point d’injection… Étrange spectacle : ils sont tous en poncho (même Zap, ça fait peur) et sont concentrés. Ils portent de grands gants noirs et on pourrait penser qu’ils sont sur le point d’inséminer une vache… j’ai un peu peur et reste dos à la paroi…

Trêve de plaisanterie, il faut sortir l’acide contenu dans des sacs poubelles, eux même placés dans les bidons étanches (l’opération demande un fin doigté pour ne pas tout déchirer et en foutre partout). Il faut ensuite diluer l’acide dans des kits spécialement conçus pour l’opération.

Nous envions un peu l’équipe de la fluorescéine. La fluorescéine, c’est jaune fluo, effet boite de nuit garanti ! L’acide c’est gris, ça fait des grumeaux et nous avons l’impression de touiller de la bouse dans nos kits avec nos grands gants noirs. L’eau est à quatre degrés donc nous avons rapidement froid aux mains ! L’injection se fait en deux fois, nous n’avons pas assez de kit pour tout diluer d’un coup. Vers la fin de l’injection, nous commençons tous à avoir froid !

Beaux Yeux : les forcenés au travail ! Et que ça touille !
Beaux Yeux : les forcenés au travail ! Et que ça touille !
Beaux Yeux : les forcenés au travail ! Et que ça touille !

Beaux Yeux : les forcenés au travail ! Et que ça touille !

Cela fait rêver un traçage dans le Dévoluy : on touille une espèce de ciment merdique dans une eau glaciale tout en se pellant le cul ! Non en vrai c’était marrant. Par contre il est temps de plier les gaules, nous commençons réellement à avoir froid. Même Zap, qui ne portent jamais beaucoup de sous-couches, a froid. Il tremble comme une feuille morte, c’est du jamais vu !! Mais un Zap froid est un Zap rigolo : il devient très tactile, se frotte à tout le monde et nous fait des frictions dans le dos (la patronne va être jalouse…).

Beaux Yeux : ça attaque l'acide !
Beaux Yeux : ça attaque l'acide !

Beaux Yeux : ça attaque l'acide !

Après un certain temps ou un temps certain nous nous approchons enfin de la sortie. Nous avons dû repasser sous les micro cascades et reprendre la flotte à la montée… Je me sacrifie un moment pour tenir la corde à Camille pour qu’elle reste au sec pendant sa montée. Cela fonctionne bien je suis content. Je m’attends à ce qu’on fasse pareil pour moi… Tu parles mon c**, les autres tapent la discute pendant qu’à peine pendu sur la corde hop làààà la petite douche bien fraîche !

Nous avons froid donc nous espérons qu’il fera beau et chaud dehors… Tu parles mon c** encore une fois… Il pleut et il fait ultra froid. Il a même grêlé et il y en a encore sur nos sherpas restés dehors. Hors de question de trop attendre, trempés dans ce froid. Nous redescendons vers les véhicules au compte-goutte pour se mettre rapidement au sec.

Il n’est pas trop tard (sorti vers 17h, quasi synchro avec ceux de la Tune).

Beaux Yeux : remontée vers le soleil... ah non la pluie !
Beaux Yeux : remontée vers le soleil... ah non la pluie !

Beaux Yeux : remontée vers le soleil... ah non la pluie !

Du côté du groupe du chourum de la Tune aux Renards (par Alexandra) :

Après une bonne heure d’approche avec un final hésitant dans le brouillard, nous arrivons au bord du trou. Le temps de nous changer, de finaliser les réglages du baudrier de Mariana, de grignoter un bout et c’est parti !

On entre dans le trou à 11h. La question qui se pose est : jusqu’où va-t-on devoir aller pour trouver suffisamment d’eau pour réaliser l’injection ?... Suspense ! Nous descendons les premiers puits, puis suivent les étroitures, ça racle ! On arrive ensuite au P25 puis nous descendons en croisant les doigts pour ne pas à avoir à passer la prochaine zone d’étroitures… Nous traversons une magnifique zone d’alternance de lits de calcaire et de silex et en plus on est debout et ça ne racle pas !

Tune des Renards : Arrivée dans le brouillard, la contemplation du paysage se fera sous terre !
Tune des Renards : Arrivée dans le brouillard, la contemplation du paysage se fera sous terre !
Tune des Renards : Arrivée dans le brouillard, la contemplation du paysage se fera sous terre !

Tune des Renards : Arrivée dans le brouillard, la contemplation du paysage se fera sous terre !

Puis nous arrivons vers -300 m juste avant la deuxième zone d’étroitures… Une petite vasque attrayante et un débit non négligeable nous appellent. Par acquis de conscience Nathan passe les étroitures et va jusqu’à la salle du Chaud Room. L’eau s’enfuit par-dessous, ça ne sert à rien d’aller plus loin. Où alors il faudrait aller jusqu’à -600 m mais ce n’est pas à l’ordre du jour.

Nathan revient vers nous, nous prenons le temps de manger un morceau puis à 13h30 nous attaquons l’injection. Nous avons 4 bidons de 5 litres contenant chacun 1,25 kg de poudre de fluorescéine. Commence la pataugeage organisé. Mariana et moi nous occupons du mélange dans les bidons et Nathan injecte. La dissolution est compliquée, nous re-remplissons les bidons plus de 5 fois pour arriver au bout des paquets de poudre qui ne veulent pas se diluer. La vasque commence à bien saturer, nous nous demandons si l’endroit est judicieux mais bon il est trop tard donc on continue.

Tune des Renerds : ça touille et ça dilue dardard !
Tune des Renerds : ça touille et ça dilue dardard !
Tune des Renerds : ça touille et ça dilue dardard !

Tune des Renerds : ça touille et ça dilue dardard !

Après une grosse heure d’injection, nous finissons le travail par un nettoyage des parois qui ont eu le droit à des éclaboussures afin de laisser une zone propre mais surtout de perdre le moins possible de fluo pour le traçage.

De notre côté nous n’avons pas trop eu le temps d’avoir trop froid, sauf peut-être Nathan qui ne faisait rien … euh pardon qui vidait délicatement, et surtout avec une grande conscience scientifique, les bidons dans la vasque pendant que les filles touillaient et secouaient les bidons comme des énervées...

Après avoir remballé les bidons rincés et bien fermés et les gants souillés dans des sacs poubelle bien fermés eux aussi, nous remontons vers la sortie. Vers 16h30, nous sommes dehors... sous la pluie !

Tune des Renards : Youpi le soleil....ah non c'est la pluie aussi !

Tune des Renards : Youpi le soleil....ah non c'est la pluie aussi !

Nous enchaînons avec une petite douche bien chaude qui fait du bien au camping et un petit restau à la Joue du Loup pour clore cette bien belle journée spéléo !

Merci à Vlad, Marc et Christophe pour l’aide au portage mais surtout le guidage sous terrain.

Avec les survivants, le dimanche nous faisons le tour des fluorimètres disposés aux sources des Gillardes pour en vérifier le bon fonctionnement. Zap en profite pour faire un cours magistral en plein air !

Le tour des fluorimètres aux Gillardes !Le tour des fluorimètres aux Gillardes !
Le tour des fluorimètres aux Gillardes !Le tour des fluorimètres aux Gillardes !
Le tour des fluorimètres aux Gillardes !Le tour des fluorimètres aux Gillardes !

Le tour des fluorimètres aux Gillardes !

Résultats :

Ci-dessous les données brutes (non calibrées) du traçage du 1er juin réalisé en même temps aux Beaux Yeux et à la Tune des Renards (respectivement 7.5 et 9 km des sources).

Les vitesses de restitution sont hypersoniques. Les pics secondaires sont probablement dus aux effets de fonte augmentant le débit à période journalière.

Reste à calibrer les instruments et à récupérer les débits pour calculer les taux de restitution. Et à réfléchir avec l'ensemble des traçages déjà réalisés sur le massif.

Courbes de traçage brutes enregistrées aux sources des Petites et Grandes Gillardes

Courbes de traçage brutes enregistrées aux sources des Petites et Grandes Gillardes

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