Aven de Nèbre
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Ce n'est un secret pour personne, les trous migrent dans le bartas dès qu'on a le dos tourné. Pour certains, le phénomène s'amplifie avec le réchauffement climatique. Pour d'autres, ça serait le pointage des anciens qui serait mauvais. Allez savoir... mais avouez que c'est quand même un peu gonflé de remettre en cause le travail de nos anciens.
C'est en particulier le cas de l'aven de Nèbre, situé à Évenos en rive droite des gorges du Destel. Son entrée étroite avait été désobstruée en 1955 par la Société de Sciences Naturelles de Toulon et du Var (SSNTV) et a reçu depuis quelques rares visites de courtoisie. La dernière en date remonte à juillet 1990 par une équipe de spéléos varois.
Mais depuis cette date (ça fait quand même quasiment 35 ans), que dalle, macache, walou, bernique. Circulez, il n'y a rien a voir. Plusieurs équipes ont pourtant ratissé le lapiaz sans résultat, à croire que le gouffre s'était volatilisé... Les spéléos aubagnais y ont également consacré une journée de recherche en janvier 2019, sans plus de résultat.
A la recherche de l'aven de Nèbre en janvier 2019. Le gouffre nous a posé un lapin...
En ce mois de février 2025, le Papé et moi recevons un coup de téléphone de Paul (le plus aubagnais des varois, ou le plus varois des aubagnais): une nouvelle recrue du Spéléo Club de Toulon, Mélanie, a retrouvé l'entrée du Nèbre! Sa technique? elle a ratissé plus large, plus bas dans le vallon, avec plus d'acharnement (elle est paraît-il du genre déterminé), et bingo.
Une visite avec Paul a confirmé qu'il s'agissait bien du superbe P50 que des générations de spéléos cherchaient depuis 35 ans. Et ce jeudi 27 février, devant y retourner pour lever la topo, Paul nous met dans la boucle et nous propose une petite visite de ce trou de légende.
Nous serons 6 spéléos, parité parfaite, avec 3 varois et 3 aubagnais (Paul, Mélanie, Loulou, le Papé, Jacquie et moi.
L'accès dans le bartas est un peu rugueux, le Papé sort son attirail de jardinage et trace la route à travers les garus et les romarins. Au pied d'un petite escarpement dominé par une petite tour rocheuse, en partie recouverte par les blocs, voici donc l'entrée riquiqui du Nèbre.
Une fois passée l'entrée sous un bloc, le puis s'évase vite. Petit palier vers -8 (avec 2 bons spits tout neufs), et la diaclase s'évase avec de belles formes de corrosion. Dans la partie inférieure apparaissent de jolies coulées de calcite bien fossiles du plus bel effet.
Il y a parait-il un peu de CO2 au pied de la corde, plus sensible au bas de l'éboulis (2,7%). Paul et Mélanie tentent une petite escalade au sommet de la partie haute de l'éboulis (à priori sans trop de succès), le reste de la troupe s'extasie, fait quelques photos et attaque la remontée.
Remontée du P50
L'énigme de l'aven du Nèbre a donc pris fin: le trou ne s'est pas évaporé, il s'est juste fait discret dans la garrigue. Et c'est un joli trou, pas cher... Après 35 ans de solitude, il devrait désormais retrouver un peu de notoriété et recevoir de nouvelles visites.