Opération illégale au Pin de Simon

  • Charles C. - SCPA Escandaou
  • Spéléologie

Ce dimanche la météo est franchement pessimiste, avec des orages annoncés pour l'après midi. La tactique est donc claire, il faut partir tôt le matin pour un petit gouffre sec, sans trop de marche d'approche, et bien sur dans le rayon de 10km réglementaire. Jacquie et moi optons pour le Pin de Simon à Gémenos.

Opération illégale au Pin de Simon
Opération illégale au Pin de Simon
Opération illégale au Pin de Simon
Opération illégale au Pin de Simon
Opération illégale au Pin de Simon

Le Pin de Simon est un petit gouffre (-80) propre et sec, situé sur les rochers du même nom dans le vallon de Saint Pons. Il traîne une réputation de cavité pas bien large, réputation un peu surfaite depuis que des spéléodusoirologues bedonnants se sont penchés sur le problème.

Au pied du dernier puits (un beau P30) nous découvrons un petit amphibien squelettique qui erre dans les gours desséchés.

Le pélodyte naufragéLe pélodyte naufragé

Le pélodyte naufragé

Il s'agit d'un pélodyte ponctué, ou encore "crapaud persillé". De mœurs nocturnes, et rendu très discret par sa peau mouchetée de taches verdâtres, on le rencontre rarement dans la colline. Mais curieusement, du moins en Provence, c'est l'une des espèces les plus enclines (avec le crapaud épineux) à se faire piéger dans les gouffres.

L'individu rencontré ici est d'une maigreur impressionnante, il n'a pas du manger le moindre moucheron depuis bien longtemps. Il n'a rien à faire ici, sa place est dans la garrigue.

Mais les choses ne sont pas si simples: tous les amphibiens sont des espèces protégées, il est strictement interdit de les déplacer, quelle qu'en soit la raison. Dit autrement, en tant qu'espèces protégées, la loi impose de les laisser crever à petit feu au fond des trous.

Il existe des dérogations possibles, mais strictement encadrées et sous la houlette de biologistes professionnels. J'avais à une époque entrepris d'alerter divers spécialistes sur ce sujet (naturalistes professionnels, associations de protection de la nature), avec dans l'idée de mettre sur pied une large campagne de sensibilisation à l'adresse des spéléos, afin de les inciter à remonter les naufragés en surface. La réponse est très claire: inciter officiellement les spéléos à ressortir les amphibiens piégés au fond des gouffres serait considéré comme une incitation à violer la loi. Ils m'ont donc vivement conseillé de renoncer à mon projet (sous peine d'ennuis judiciaires certains)... tout en continuant à pratiquer ces sauvetages à titre individuel.  La situation est ubuesque.

Pélodyte ressorti du gouffre du Malleron (Siou Blanc) en 2013.

Pélodyte ressorti du gouffre du Malleron (Siou Blanc) en 2013.

J'ai discuté récemment de ce problème avec Christophe, notre  nouveau président de la commission environnement. Il semble apparemment plus optimiste que moi et prêt à relever le défi et repartir à la charge. Un demi Duvaux averti en vaut-il 2 ?

En attendant, ne voyez surtout pas ce petit article comme une incitation à braver la loi...😉.  Il y a peut-être des rebelles parmi vous, que chacun agisse selon sa conscience.

Pour en terminer avec notre petite sortie matinale au Pin de Simon, 2 amphibiens migrants clandestins ont illégalement rejoint le plancher des vaches: le petit pélodyte déjà cité ainsi qu'un crapaud épineux (en fait la version méditerranéenne du crapaud commun) qui déambulait au bas du puits d'entrée.

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