Vers l'infini à l'Eau-de-La (Sortie Initiation) - Dimanche 03 octobre 2021

La sortie du 03 octobre était vendue comme la sortie de l'Eau-de-la  et c'est au pied d'une Ste Baume apocalyptique recouverte d'une épaisse couche nuageuse noire que nous nous retrouvons pour quand même tenter l'aventure au fond d'un gouffre. 
Gonflés à bloc , nous nous mettons tous en marche et arrivés au trou, nous posons tous pour une photo à l'entrée du gouffre tandis que Alexandre est parti commencer à équiper le gouffre pour la descente.

LA DESCENTE 
La descente s'est très bien passée sur la partie corde: Alice (alias "Roti"), Nathalie (alias "Saucisse"), les deux Nicolas, les deux Alex, Frédérique, Loïc et moi (alias "J'y Go") avons glissé le long de nos cordes sur plusieurs puits, telles des pôles danseuses en état de grâce. Je crois qu'on a passé deux grands puits de 15-20 m et deux petits puits de 3 à 7 m. 

La descente a été entrecoupée d'actions plus techniques incluant des passages de déviation, de main courante et de la crapahute au travers de nombreuses étroitures. 

"Crapahuter dans une étroiture" veut dire: ramper, escalader et se contorsionner dans tout les sens pour  arriver à passer dans des trous qui sont plus petits que toi. 

La descente du dernier puits nous réserve une belle surprise.

AU FOND DU GOUFFRE
A -70m (?), nous nous trouvons devant un petit lac souterrain, cerné de belles concrétions (spéléothèmes) avec  des stalactites, des stalagmites et pleins de fistuleuses magnifiques. 
Nous sommes juste émerveillés. 

Après une pause pique-nique bien méritée, Alexandre nous explique doctement le long et lent processus géologique qui a érigé les merveilles qu'on voit :  cycle de dissolution du calcaire à travers le sol par l'eau de pluie acide, la reprécipitation de cette eau d'infiltration saturée en CO2 et de calcium sous forme de calcite créant toutes les concrétions qu'on voit .  Un processus qui prend des milliers d'année pour la formation d'une concrétion et qui, à l'échelle des temps géologiques, est favorisé lors des périodes interglaciaires quand il fait chaud. 

La sortie n'est pas terminée: Les deux Alex nous disent : "A poil!" et du coup, tout le monde enlève son baudrier (je précise "que" son baudrier) - sauf moi, car je sais pas le remettre :p -  et on repart pour 20 min à ramper encore plus loin.

Alexandra adore tellement ramper que dès qu'elle voit un trou , elle y va et elle explore. D'ailleurs, elle nous montre au passage des anciens gours. Heureusement qu'Alexandre est là pour nous montrer le chemin. 

On se retrouve devant une salle dont le plafond est noir, constellé de cristaux brillants tels des paillettes scintillantes sous l'éclairage de nos lampes, avec en face une belle coulée de calcite. On se croirait dans la déco de Noël d'une boutique Swarovski (oui ce billet est très girly). 

Les plus aguerris du groupe n'hésitent pas à braver l'étroiture de la mort pour étancher encore plus leurs soifs d'exploration.

 Ils se retrouvent un peu plus près des étoiles souterraines et je les entends, au loin, s'échanger leurs secrets les plus inavouables à voix basse:  Nicolas leur avouera ainsi qu'il vient de Castre.

Pendant ce temps, restée seule dans la salle de la coulée de calcite, j'ai éteint ma lampe et je suis restée silencieuse avec la grotte. La caverne a un effet très rassurant et plusieurs idées me viennent en tête:  l'allégorie de la caverne de Platon, mon fard à paupière noir brillant à base de poudre de micas et la vie microbienne chimiolithotrophe qui doit grouiller dans l'eau interstitielle saturée en CO2.  

Le groupe revient et Alexandre a encore des merveilles à nous montrer : quelques crapahutes après, nous nous retrouvons dans une nouvelle salle remplie de draperies et de concrétions diverses dont beaucoup de stalagmites.

Pour note personnelle:  Les stalagmites c'est très beau mais c'est un peu la poisse lorsque ça se trouve sur ton chemin, en pleine crapahute ou en rampant dans une étroiture car c'est un peu comme manœuvrer sa voiture en plein centre ville piéton pour éviter les potelets urbains mal placés. 

Le romantisme de cette salle m'inspire, et je propose aux deux Alex de les prendre en photo devant une jolie draperie.

Alexandre me montre dans une autre salle une couche géologique contenant des calcaires à rudistes (peut-être du Turonien). 
De retour au lac, Alexandra me montre une belle huître fossilisée tandis que tout le monde renfile son baudrier et autres accessoires. Il est l'heure de repartir . Les deux Nicolas sont adorables et m'aident à mettre mes freins de pieds , telle une princesse. 

LA REMONTÉE
Après une petite pause ensemble, Frédérique nous rappelle de faire attention à ne pas faire parpiner (traduction: ne pas faire chuter de pierres) puis Alice, Nicolas L et Nicolas C filent comme des flèchent pour la remontée sous l'œil d'Alexandre .

A la sortie, nous retrouvons tout le monde. Frédérique nous rejoint après avoir vaillamment réussie sa mission de déséquipement. 
Un coup d'oeil au temps : même pas de pluie. On a le temps d'enfiler un change et de se faire un petit goûter ensemble avant que les premiers crachats météoritiques ne sonnent le glas de cette sortie de l'Eau-de-la.