Nos seniors aux Champignons

Pour aller aux Champignons, il faut respecter la saison... Les fainéants, bons à rien, séniles, tire-au-flancs et autres parasites de la société ont eu un peu de retard à l'allumage pour réaliser leur projet d'automne: aller tirer le portrait aux Champignons, cavité emblématique de la Sainte Victoire.

Il faut dire que la grotte des Champignons est une cavité atypique: d'abord par son embonpoint (elle présente une surprenante et vaste salle en forme de cloche à fromage), son concrétionnement spécifique (ses parois recouvertes de choux fleurs, ses stalagmites rongées par la corrosion - d'où les fameux "champigons" - et son imposant massif stalagmitique central), mais surtout son mode de formation très particulier: elle est reconnue comme  une cavité de type "hypogène", c'est à dire creusée par des gaz corrosifs issues de circulations hydrothermales (voir la publication de Bigot, Audra et Mocochain).

Nous étions donc curieux de voir ça de plus près, et de rechercher les fameux "chemins de bulles", traces de la remontée des bulles de CO₂ à travers le concrétionnement des parois.

En attendant, nous profitons d'une belle journée d'hiver pour arpenter la face sud de la Sainte en direction de l'ermitage de Saint Ser. L'entrée de la grotte, visible depuis le parking, se repère aisément en plaine paroi par une alcôve de couleur ocre.

Atteindre le porche d'entrée est une autre histoire: nos seniors ont les articulations un peu grippées, la roche est patinée par de nombreux passages, et les broches pour l'assurage sont comptées au plus juste. Mais bon, le style est guère académique, mais nous accédons enfin au large porche avec vue imprenable sur la vallée de l'Arc, la Sainte Baume et l'Etoile. A nous les champignons.

Au dessus, il faut encore se faufiler dans une fissure qui ne paye vraiment pas de mine avant de déboucher dans la très surprenante salle principale, au centre de laquelle trône l'imposant massif stalagmitique qui s'élève jusqu'à la voûte. On a beau connaître les lieux, on reste toujours stupéfaits de se trouver dans un tel volume, juste caché derrière un simple rideau de calcaire.

On conseille parai-il d'allumer des bougies pour repérer la fissure de sortie. Certains ont parait-il eu des soucis pour la retrouver. Nous nous prêtons à la tradition, ça fait joli, mais il ne faut quand même rien exagérer.

Nous faisons un rapide tour de la grande salle, pour découvrir les concrétions particulières de la cavité. Il y a du fin et du plus mastoc, parois et stalactites sont recouvertes de choux fleurs, tout ça est vraiment autant curieux qu'esthétique.

On pourrait y rester des heures, mais l'appel du ventre nous pousse vers la sortie où nous avons laissé notre pique-nique. Casser la croûte sur ce belvédère, face aux montagnes provençales qui se découpent sur la brume des vallées est un instant qui se savoure.

Il nous reste à tirer un petit rappel, puis redescendre dalles et éboulis avant de rejoindre le sentier de Saint Ser. Rien dans le panier, tout dans les mirettes, les seniors sont bien contents de leur journée.