Incursion et collectes dans les grottes Sardes - Septembre 2024
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Zap et moi profitons d’une conférence de biospéléologie à Cagliari en Sardaigne (en compagnie de la célébrissime Josiane et de la génialissime Sophie) pour prolonger notre séjour en Sardaigne et aller user nos combis dans les grottes Sardes.
Un peu d'émotion à la conférence de biospéléo et le plein de glace avec la CoSci !
En parcourant les topos, nous remarquons que de grands réseaux horizontaux se développent à basse altitude, quelque fois avec des rivières qui coulent sur des strates granitiques. Dans le paysage les roches granitiques ne sont jamais bien loin. On peut supposer quelles servent de couches imperméables pour les écoulements. Peu de cavités offrent des développement verticaux importants.
Grotte du Bue Marino - Dorgali :
Le Bue Marino signifie bœuf marin, surnom du phoque moine donné par les Sardes à ce phoque qui vivait dans la grotte jusque dans les années 80.
La grotte se développe sur 3 branches : nord, médiane et sud sur 21 km et constitue l’aval d’un réseau plus grand (Codula Ilune) comptant plus de 70 km de développement.
L’accès se fait par bateau du port de Cala Gonone (25 € par personne).
L'accès par bateau (pour les touristes...)
Branche Sud : Nous avons visité la partie touristique de la branche sud dans le cadre de la conférence de biospéléologie. La visite dure une 50aine de minutes pour un développement de 1km sur des passerelles qui remontent le long du bras de mer qui s’intriduit dans la grotte dans un premier temps, puis nous arrivons à la jonction avec l’eau douce de la rivière. À cette époque, la rivière ne coule pas, nous n’assistons pas au mélange des eaux.
La luminosité est plutôt bien choisie, pas de couleur artificielle. On profite bien de la couleur blanche des parois et de l’eau bleu qui s’écoule. De belles concrétions ponctuent la visite qui se termine dans une grande salle où l’on voit la rivière continuer mais uniquement pour les spéléologues qui aiment nager. Le réseau continue pendant 2km environ avec principalement de la nage jusqu’à un siphon. Pour y accéder il faut contacter la mairie de Dorgali pour obtenir les clés d’accès.
TPST : 1h
Balade touristique dans la branche sud, jusqu'à la salle terminale où la suite se fait à la nage pour les spéléos !
Branche Nord : Nous choisissons l’option accès en bateau car l’accès piétons nous a-t-on dit est inaccessible (réponse pour les touristes…). Il s’avérera que l’accès est très bon après discussion avec des promeneurs croisés derrière la grille d’accès piétonne. Nous récupérons les clés auprès des guides sur place et filons dans la branche Nord. Le début est équipé de passerelles. Nous repérons les autres entrées (piéton et par la mer). Puis nous arrivons au moment clé : passage de l’ambiance sèche à l’immersion dans les lacs. On n’avait pas prévu ça, on pensait que c’était un réseau fossile sec. En réalité, il est fossile mais il reste d’énormes vasques d’eau saumâtre mais claire. Zap passe en calbut, moi en vêtements thermiques mais ça ne suffit pas, la néoprène aurait été bienvenue, j’ai frais. Nous faisons demi-tour après environ 1km de progression, soit 1/3 de l’objectif. Il faudra revenir avec mini-palmes et néoprène, pourquoi pas directement par l’accès mer !
TPST : 5h30
Accès aux différentes entrée dans la zone sèche
Contemplation des lac émeraude et abyssal puis l'épreuve, il faut se baquer et nager !
Séance jolies photos et rencontre avec un plongeur venant de l'extérieur !
Grotte de Su Palu - Urzulei :
Cette grotte est également fermée par une grille, la clé doit être demandée au club local.
La grotte est l’amont du système de Codula Ilune. Il est connecté à la grotte du Bue Marino.
Du parking la longue marche d’approche nous prend 15 minutes quasi à plat sauf une courte montée vers l’entrée.
Après une descente dans une diaclase équipée, nous attaquons direct le vif du sujet, le ramping de 5 m le nez dans l’eau. Le reste de la cavité est plutôt sec, nous avons donc décidé de passer au sec. On se change, Zap toujours en calbut, moi en néoprène fine et 3 minutes après c’est fini, nous nous changeons et nous sommes secs.
Tout le parcours est balisé et varié entre grandes galeries sèches et grandes galeries avec de l’eau jusqu’à mi-cuisse maxi (ça rafraîchi, ça fait du bien). Le sol est jonché de grOOOs galets bien roulés de garnite, les parois sont en calcaire, on ne s'ennuie pas !
Nous croisons une anguille dans la galerie du White Nile, c’est assez étonnant à cet endroit.
Le passage au lac est particulièrement esthétique, on s’y baignerait ! D’ailleurs d’autres colonisent déjà la zone : des coléoptères longs et des petits ronds. Le bonheur !
De grandes galeries, de grandes et belles conrétions, l'eau limpide et une anguille....
Nous poussons jusqu’à la galerie Lilliput pour nous sentir bien minuscules dans l’immense galerie qui s’ouvre devant nous avant de faire demi-tour.
La zone de camp El Alamein et les énormes concrétions de la galerie lilliput
Au retour, nous ne faisons pas de chichi, nous passons le ramping humide tout habillés, ça nous laisse au frais pour la remontée.
TPST : 5h
Grotte de Su Bentu – Oliena :
Encore une grotte fermée par une grille, la clé doit être demandée à l’agence touristique de la vallée du Lanaitho.
Nous récupérons les clés au Campo Base Lanaitho à 9h30. L’approche est raide mais courte.
Devant le porche d’entrée nous enfilons les néoprènes (shorty pour Zap, shorty + haut et bas de 1,5 mm pour moi+cagoule et gants néoprène à enfiler au moment de la nage), nous prévoyons de passer par la rivière et non pas par la via ferrata.
L’accès à la rivière ne doit pas être souvent parcouru car les spits et goujons ne sont pas dans un superbe état. Nous nous débrouillons et arrivons dans la rivière.
On met les genoux au sol UNE fois puis descente vers a rivière et ya plus qu'à !
En fait il n’y a pas de rivière, c’est sûrement mieux ainsi pour pouvoir la remonter. Par contre nous croisons de nombreuses vasques et gours qu’il faut escalader. L’eau est bonne mais fini par être fraîche après une grosse heure de nages intermittentes. Nous passons les gours, l’eau est basse mais ça passe à chaque fois. Nous craignons qu’à un moment nous ne puissions pas escalader mais tout est prévu. En bas d’un gours profond mais à sec, nous trouvons une corde qui nous permet de continuer notre périple.
La boussole de l’appareil photo nous permet de repérer notre position sur la topo. Nous ne trouvons pas la jonction avec le passage haut en via ferrata (on n’a pas non plus cherché longtemps).
La nage dans les lacs
Au « Fungo », concrétion qui ressemble à un chapeau de champignons tout blanc, nous nous repérons bien sur la topo et passons dans la galerie de l’Autostrada. Tout est concrétionné, nous croisons de belles coulées, le sol est fait de gours et de formes particulières qui ressemblent à des chapeaux pour ceux qui ne sont pas cassés.
Le Fungo et autres belles zones concrétionnées
Puis la salle du Grande Frana porte bien son nom, nous devons descendre une grande pente de cailloux avant d’arriver dans la galerie Grandissima Frana. À nouveau tout est énorme, les concrétions, les dimensions ! Au bout de la salle, l’objectif est atteint. Il est 15h.
Les zones d'éboulis (jolis graviers roulés)
Petit coup de stress au retour, la sortie de la zone des lacs n’est pas cairnée. Nous arrivons dans une zone que nous ne reconnaissons pas… Il nous faut faire demi-tour jusqu’au dernier point connu et chercher le passage manqué… Avec 4 yeux et 2 cerveaux, ça fonctionne et rapidement nous retrouvons le bas de notre corde, ouf !
Nous sortons à 19h30.
TPST : 9h30
Il nous faudra revenir pour faire la branche est en passant par la via ferrata.
Grotte Sa Nurra de sas Palumbas – Oliena
Cavité la plus importante du plateau de Pradu avec un dénivelé de – 100 m. Ce grand plateau calcaire, dominé par le mont Corrasi, culmine à plus de 1000 m d’altitude avec de beaux lapiaz mais qui ne comporte que de petites cavités.
Nous nous y intéressons car nous avons une mission d’entomologiste, trouver un coléoptère (Patriziella) décrit mais dont l’ADN est manquant ! Mission acceptée et réussie !
L’accès est simple, du point de vue « Tuones » accessible en voiture (4x4 parfait, autre voiture pas trop basse non plus mais c’est propre), il faut 30 minutes à pied jusqu’au col de Pradu puis 20 minutes en suivant le balisage, le trou est fléché !
L'accès sur le lapiaz
Le trou commence par une grande salle d’effondrement puis un cheminement balisé par un fil dans des blocs au sud de la salle nous fait descendre dans ses profondeurs jusqu’à notre rencontre avec les Patriziella !
La salle d'entrée, un joli Patriziella et une des salamandres
En remontant, nous croisons un petit groupe de salamandres aux gros yeux, très mignon comme bébêtes ! Et nous faisons une petite photo de la salle.
TPST : 2h
Canyon de Gorropu – Urzulei :
Pour finir, quelques photos du canyon de Gorropu, canyon surmonté de parois de 500 m de haut.
On y accède par le col de Silana par une rando sur un chemin en descente de 1h30.
À la sortie du canyon se trouve une source pour se réhydrater et une caisse pour payer un droit d’entrée (6€/pers.) pour remonter dans le canyon.
Il y a 3 parties : une facile en mode rando guidée, une moyenne en mode débrouille pour passer dans les bloc et une expert où il faut bien crapahuter. Nous le remontons jusqu’au premier obstacle infranchissable rencontré correspondant à la dernière cascade du canyon.
La remontée par le chemin de rando est éreintante mais ça se mérite tout ça !
Vu sur le canyon de Gorropu et pérégrinations dans les blocs
En conclusion, il faut revenir pour revoir certains réseau mais surtout pour venir tester les canyons qui étaient un peu trop sec à cette époque. Pourquoi pas dans 2 / 3 ans en mai ou en juin…. Avis aux amateurs !